Rencontre avec les maires et Cissé Bacongo : « La liste des 176 Zones à risque comporte des zones qui ne sont plus à risque notamment Anono » (Cissé Bacongo)... « Le ministre gouverneur que je suis n’ira jamais sur un terrain qui n´est pas le sien et il n´y aura jamais de conflit entre nous » (Bacongo). Voir le lien : https://abidjan.district.ci/fichiers/LISTES-DES-ZONES-A-RISQUES-Synthese.pdf   ◊    « Les sites à risques ne sont pas des sites à déguerpir, à démolir, il s´agit des sites sur lesquels se trouvent un risque d’inondation, d´éboulement(...) Il s´agit de régler des soucis sur ces sites» (Cissé Bacongo)… Côte d’Ivoire/Projet d´Aménagement des Quartiers Restructurés d´Abidjan (PAQRA): « Aucun décaissement n’a été fait depuis deux ans que les accords ont été signés » ( Conseil des Ministres). Voir le lien : https://abidjan.district.ci/fichiers/LISTES-DES-ZONES-A-RISQUES-Synthese.pdf    ◊   
DISCOURS ET INTERVENTIONS

L’INTEGRALITE DE L’INTERVENTION DE MONSIEUR LE MINISTRE-GOUVERNEUR DU DISTRICT AUTONOME D’ABIDJAN, A L’OUVERTURE DE LA TROISIEME ASSISE DE LA PLATEFORME DES VILLES DURABLES, PLACEE SOUS LE THEME : DEVELOPPEMENT URBAIN INTEGRE EN AFRIQUE ; DEFIS ET LEÇON APPRISES, LUNDI 14 MAI DERNIER, AU SIEGE DE LA BAD, A ABIDJAN PLATEAU EN COTE D’IVOIRE.

Mesdames et Messieurs,

 

 

En vos rangs et qualités,

Il revient l’insigne honneur et le plaisir à la ville d’Abidjan, capitale économique de notre pays, la Côte d’Ivoire, d’accueillir après Singapour en 2016 et New Delhi en 2017, cette troisième assise de la plateforme des villes durables.

La Côte d’Ivoire tout entière est fière d’abriter ce grand rendez-vous du développement initié par la Banque Mondiale et organisé par la Banque Africaine de Développement (BAD) et qui réunit d’éminentes personnalités venues d’horizons divers pour aborder des questions qui touchent directement le bien-être des populations.

Monsieur Amadou Oumarou, Directeur du développement urbain de la BAD, je vous exprime ma vive gratitude et vous prie de transmettre à Son Excellence Monsieur le Président Akinwumi Adesina, mes admirations pour le travail immense entrepris à la tête de la BAD, plus haute et plus prestigieuse institution financière de notre contient.

Quant à vous Monsieur Sameh Wahba, Directeur de la pratique mondiale pour le social, l’urbain, le rural et la résilience de la Banque Mondiale, votre dévouement inlassable aux intérêts de nos villes mérite notre bien sincère reconnaissance.

Mesdames et messieurs, 

 

Représentants des villes membres de la plateforme, venus de Dakar, Cotonou, Yaoundé, Douala, Nairobi, Johannesburg, Melaka, votre déplacement à Abidjan, nous le vivons avec enthousiasme, preuve que vous comprenez toute l’importance du développement urbain intégré en Afrique. C’est pourquoi nous apprécions comme il convient l’avantage de vous compter aujourd’hui parmi nous. La ville de Melaka de la Malaisie à tenu à participer à ce séminaire, prévu exclusivement pour les villes africaines ; c’est pourquoi je tiens à lui faire une adresse particulière. Merci pour cet intérêt spécial.

Aux Maires du District Autonome d’Abidjan dont je salue la forte présence, je voudrais redire que ce séminaire est le vôtre, tant les problématiques qu’il traite sont en lien étroit avec votre responsabilité de premiers magistrats de nos cités.

C’est à vous de concevoir les meilleures stratégies de planification urbaine et d’en rechercher les financements afin de répondre le plus efficacement aux besoins de vos populations, en termes de qualité de cadre de vie, de services sociaux de base, de mobilité urbaine, etc.

Mesdames et Messieurs, 

Nous sommes réunis ici pour penser le devenir de nos villes. La population africaine et en particulier celle de la Côte d’Ivoire s’est urbanisée à un rythme accéléré. De 20% en 1960, plus de 50% des Ivoiriens vivent en ville, à ce jour. Abidjan qui était une petite localité d’environ 35 000 âmes en 1935 abrite aujourd’hui, près de 6 000 000 d’habitants, soit 26% de la populations nationale.

Collectivité territoriale de type particulier dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière, depuis 2001, le District Autonome d’Abidjan est composé de treize (13) communes et étendu sur 2.120km². Il est traversé dans sa partie méridionale par la lagune Ebrié qui occupe plus de 15% de son territoire. Abidjan où sont concentrés 80% des activités industrielles de notre pays est la principale ville de la Côte d’Ivoire.

Mesdames et Messieurs, 

L’exploitation démographique et l’expansion de l’urbanisation mettent à jour l’acuité de notre thème « développement urbain intégré en Afrique : défis et leçons apprises ». C’est un réel défi à relever pour l’Afrique et d’autres régions du monde à savoir assurer à leurs populations le plein épanouissement, d’ici 20 ans.

Mesdames et Messieurs, 

 

 

L’occasion est donc belle pour partager avec vous, Autorité, Décideurs, Experts et Entrepreneurs, quelques réflexions liées au sujet de notre rencontre en cinq (05) points qui sont les suivants :

1- La problématique de la planification urbaine intégrée et du développement urbain durable ;

2- l’état des lieux des principales métropoles africaines ; 

3- les innovations apportées par le District Autonome d’Abidjan dans la gestion urbaine en Côte d’Ivoire ;

4- les principaux défis contenus dans les projets urbains initiés pour le développement durable d’Abidjan ;

5- les perspectives.

 

 

1- La problématique de la planification urbaine intégrée et du développement urbain durable 

Le projet politique de ville durable invite les acteurs territoriaux à repenser la ville dans une approche intégrée prenant en compte les principes de cohérence, d’amélioration continue et de gouvernance partagée respectant l’interdépendance des exigences environnementales, économiques, sociales et politiques.

Le développement urbain durable s’appuie sur les objectifs stratégiques suivants : 

Préserver et gérer durablement les ressources naturelles (énergies, eau, air, climat, matériaux, biodiversité) ;

Améliorer la qualité de l’environnement urbain (qualité sanitaire, réduction des nuisances et des risques) ;

Améliorer l’équité sociale en renforçant l’accessibilité pour tous à l’emploi, au logement, à l’éducation, à la santé, aux services et équipements collectifs et en luttant contre les inégalités sociales et écologiques ;

Améliorer l’équité entre les différents territoires de la collectivité ;

Améliorer la coopération entre acteurs ;

 

Améliorer l’attractivité et l’efficacité du tissu économique.

En se fondant sur cette description de la ville durable, quel état des lieux peut-on faire des principales métropoles africaines ?

2- Etat des lieux des principales métropoles africaines.

On s’aperçoit que, globalement, les pratiques de planification urbaine sont souvent en déphasage avec les défis majeurs de l’urbanisation et ce pour des raisons d’insuffisance de données statistiques récentes et de documents cartographiques de base.

En outre, il est à déplorer une coordination parfois difficile entre les différentes parties prenantes de la planification urbaine intégrée (ministères techniques, agences nationales, collectivités territoriales, collectivités décentralisées et société civile).

Par ailleurs, les métropoles africaines présentent un étalement urbain se traduisant par une augmentation des besoins de mobilité et une forte consommation d’énergie entrainant d’importantes émissions de CO2 ; à cause d’une flotte vieillissante composée principalement de véhicules de seconde main importés, une répartition modale des transports prédominée par le secteur informel, une congestion du trafic souvent paralysante sur les grandes artères reliant les quartiers résidentiels aux zones d’activités économiques et une pollution de l’air relativement importante, avec un impact négatif sur la santé.

Ces métropoles africaines font face à un déséquilibre dans l’intégration des fonctions urbaines essentielles de l’habitat ainsi qu’à une forte dégradation environnementale due à l’insuffisance d’entretien du cadre de vie et aux pollutions diverses (déchets solides, air, eaux des lacs et lagunes, etc.)

Dans le cadre spécifique de la métropole abidjanaise, quelles sont les innovations apportées par le District Autonome D’Abidjan dans le processus de gestion urbaine de la cité ?

 

3- Les innovations apportées par le District Autonome d’Abidjan dans la gestion urbaine en Côte d’Ivoire

En matière de planification urbaine intégrée, nous avons crée deux structures dont l’importance est avérée. Il s’agit de l’Agence d’Urbanisme et Prospective (AUPA) et de la Direction des Grands Projets.

En matière d’aménagement foncier et de construction immobilière, le District Autonome d’Abidjan a mis en place une Agence Immobilière et une Agence d’Aménagement foncier en vue d’améliorer l’offre de terrains aménagés et de logements

Pour la lutte contre la pauvreté, nous avons crée un Centre d’Incubation qui gère « le prix Alassane Ouattara » doté d’un fonds annuel de deux cent millions de francs CFA pour soutenir les projets de création d’entreprises sur le territoire du District d’Abidjan.

Toujours dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, nous avons mis en place des activités génératrices de revenues dans les villages de la périphérie dont les principales sont le Centre de production de l’attiéké, l’usine de conserves de tomates avec en projet, le développement d’une agriculture périurbaine, etc.

En matière de lutte contre les disparités spatiales, nous avons contracté un prêt de 50 milliards de FCFA qui permet de : 

- Bitumer plus de 120 kilomètres des voies d’accès des villages situés dans la périphérie urbaine, 

- Mettre à niveau les services urbains de base dans ces villages, par la construction de centres de santé, de lycées, l’électrification et l’adduction d’eau.

En matière de mobilisation des ressources, nous avons créé une Direction du Recouvrement et de l’Assiette.

En outre, nous avons procédé au renforcement des capacités de la Direction du Transport et de la Mobilité Urbaine en vue d’une amélioration des ressources de ces secteurs.

 

4- Les principaux défis et les grands projets urbains pour le développement durable d’Abidjan

En 2016, grâce à la coopération japonaise, notamment la JICA, le grand Abidjan s’est doté d’un nouveau Schéma Directeur d’urbanisme et d’un schéma directeur des transports. Ces outils essentiels pour la planification, devraient permettre d’aborder les 15 prochaines années avec une vision très précise.

Pour mémoire, je voudrais indiquer que la ville d’Abidjan a une longue tradition de planification urbaine. En effet, du premier schéma d’Abidjan de 1928 au dernier de 2015, sur une période de 87 ans, Abidjan a bénéficié de 7 documents de planification urbaine soit un document de planification tous les 12 ans.

A partir du Schéma Directeur Urbain du Grand Abidjan (SDUGA), deux (02) grands projets ont été lancés :

Il s’agit du projet d’Appui à la Compétitivité du Grand Abidjan (PACOGA), soutenu par la Banque Mondiale, et du Projet Transport Urbain d’Abidjan (PTUA), soutenu par la BAD.

L’objectif général visé par le PACOGA est de permettre à l’agglomération du Grand Abidjan d’accroitre sa compétitivité et d’augmenter sa capacité à concourir dans l’attraction des investissements à haute valeur ajoutée, créateur d’emplois et de richesse et de la main d’œuvre qualifiée.

Le PTUA vise le renforcement de la compétitivité de l’économie ivoirienne à travers la mise en place d’infrastructures de transport de qualité. Plus spécifiquement, il vise l’amélioration de la fluidité de la circulation, notamment aux heures de pointes sur les voies primaires, l’amélioration de la sécurité de circulation routière et celle des conditions de vie des populations.

 

5- Les perspectives

Mesdames et Messieurs,

Avant de terminer nos propos, nous voudrions rappeler que dans le souci d’atteindre tous les objectifs assignés dans le cadre du développement urbain intégré et de la ville durable, prenant pour modèle la ville que nous avons en gestion, c’est-dire Abidjan, plusieurs projets sont rendus prioritaires, à savoir :

- La mise en place d’un centre de gestion du trafic en commençant déjà par le développement du système de comptage en vue de recueillir et exploiter les données chiffrées ;

- L’aménagement foncier et la réalisation de projets marchands immobiliers de type sociaux pour la mise en valeur de tous les terrains ;

- L’installation de parking pour le stationnement des véhicules.

Honorables invités,

Mesdames et Messieurs,

Tout en souhaitant plein succès à nos travaux, je déclare ouverte la troisième assise de la plateforme des villes durables.

 

Merci pour votre attention


Robert Beugré MAMBE 

Gouverneur du District Autonome d’Abidjan




14. Mai, 2018