Rencontre avec les maires et Cissé Bacongo : « La liste des 176 Zones à risque comporte des zones qui ne sont plus à risque notamment Anono » (Cissé Bacongo)... « Le ministre gouverneur que je suis n’ira jamais sur un terrain qui n´est pas le sien et il n´y aura jamais de conflit entre nous » (Bacongo). Voir le lien : https://abidjan.district.ci/fichiers/LISTES-DES-ZONES-A-RISQUES-Synthese.pdf   ◊    « Les sites à risques ne sont pas des sites à déguerpir, à démolir, il s´agit des sites sur lesquels se trouvent un risque d’inondation, d´éboulement(...) Il s´agit de régler des soucis sur ces sites» (Cissé Bacongo)… Côte d’Ivoire/Projet d´Aménagement des Quartiers Restructurés d´Abidjan (PAQRA): « Aucun décaissement n’a été fait depuis deux ans que les accords ont été signés » ( Conseil des Ministres). Voir le lien : https://abidjan.district.ci/fichiers/LISTES-DES-ZONES-A-RISQUES-Synthese.pdf    ◊   
LUCARNE

INTERVIEW / Dr ISSA Ouattara, Directeur des abattoirs et de l’hygiène alimentaire du DAA


" La viande sera bientôt transportée dans des camions frigorifiques"


District Infos a rencontré Dr Issa Ouattara, le directeur de l´abattoir de Port-Bouët. Avec lui, nous avons échangé sur bien des questions qui préoccupent les populations ivoiriennes, singulièrement la qualité de la viande acheminée sur les marchés. Interview.


District Infos : Monsieur le Directeur, nous avons appris que des travaux ont été entrepris à l´abattoir par rapport au parc bétail. Pouvez-vous nous en dire plus ?


Dr Issa Ouattara : En fait, il y a un projet de réhabilitation générale de l´abattoir de Port Bouët et le projet concerne le parc à bétail, le centre commercial et la salle d´abattage. Donc le projet de réhabilitation a trois composantes. Les deux premières composantes ont été réalisées. Il y a le parc à bétail bovin qui a été réhabilité. Il a même été réceptionné, en 2012, par Monsieur le Gouverneur. Quant au centre commercial, il a lui été réceptionné en 2014, en présence de Monsieur le Premier ministre. Donc ces deux composantes ont été entièrement achevées. Il reste la troisième composante qui est la salle d´abattage. Au cours de ce mois de juillet certainement, les travaux vont commencer. Le parc à bétail des petits ruminants, qui a été octroyé à un opérateur économique, a été réalisé à hauteur de 60 à 70 %, depuis 2013. Malheureusement, les travaux sont arrêtés et on espère qu´ils reprennent rapidement pour qu´on puisse fasse la fête de Tabaski tranquillement.


D I : Monsieur le Directeur, si nous comprenons bien, la salle d´abattage va donner un autre visage à l´abattoir de Port Bouët.


Dr I O : La salle d´abattage elle-même n´est pas une entité visible. L´accès même est interdit. Cette salle, c´est vraiment la garantie de la protection de la population. Je dis la garantie parce que c´est dans cette salle qu´est traité et produit la viande. Dans cette salle, il y aura une chaine d´abattage moderne. Cette chaine d´abattage va encore garantir la qualité, améliorer le conditionnement de la viande, garantir la sécurité des agents et des personnes qui y travaillent. La viande ne va pas toucher le sol, dès que l´animal est abattu, tout se fait en l´air. Donc la viande sera encore plus propre qu´aujourd´hui et les conditions meilleures. Pour nous, en tant que techniciens, la salle d´abattage vraiment, c´est le clou. Nous sommes pressés que cette salle soit vraiment réhabilitée très rapidement, pour le bonheur de la population.


D I: En attendant cette salle d´abattage moderne, est-ce que les populations qui s´approvisionnent en viande à l´abattoir de Port-Bouët ont des raisons de ne pas être inquiètes par rapport à l´hygiène ?


Dr I O : Il n´y a pas lieu d´être inquiet. En fait, il faut voir qu´il y a deux niveaux de contamination. Il y a la contamination exogène et la contamination endogène. Pour la contamination endogène, nous pouvons tout de suite garantir qu´il n´y a pas de problème. Maintenant la suite du traitement, c´est ce qui est difficile. Aujourd´hui, les gens disent que la viande est transportée dans les taxis, ceci-cela… Pour nous, dans le projet, il est prévu des chambres frigorifiques et des camions frigorifiques. 


La viande quittera directement les chambres frigorifiques et sera transportée dans des camions frigorifiques sur les différents marchés. C´est donc un niveau d´amélioration de la qualité hygiénique contrairement à ce qu´on voit aujourd´hui où la viande est parfois transportée sur le dos, dans les taxis ou dans les brouettes.


C´est ce niveau de contamination que nous craignons. Par rapport à la salle elle-même, pour ce qui est des maladies, il n´y a pas lieu de craindre parce que les agents sont au four et au moulin. Les vétérinaires sont là, de jour comme de nuit, pour que vraiment tout ce qui est maladie ne puisse pas sortir pour aller vers les villes, les populations. Aujourd´hui, si vous faites le constat, par rapport il y a trois ans, vous allez voir que la qualité de la viande qui est distribuée n´est plus la même. On a des bœufs bien costauds et la viande est vraiment bien présentable. Il y a un travail de fond qui est fait. Donc je le dis pour répéter que si la chaine d´abattage est là, il y aura encore plus de garantie. 


La population peut être sereine, nous avons amélioré les conditions et tout le monde le dit, l´abattoir à l´époque sentait pas bon, aujourd´hui il n´y a plus d´odeur. Avec le centre commercial, les boucheries ont été réalisées. Les conditions de vente de la viande se sont améliorées. Aujourd´hui, on a des box bien faits, bien carrelés.


DI : Combien d´opérateurs travaillent ici ?


Dr I O : On avait fait un petit dénombrement et on s´était retrouvé à près de 12 000 opérateurs qui travaillent avec nous. Ce n´est pas vraiment exhaustif, si l´on ajoute le greffage, on va se retrouver facilement avec 20 000, voire 30 000 opérateurs.


D I : Qu´en est-il des différentes nationalités qui travaillent ici à l´abattoir de Port Bouët ? Est ce que ce sont seulement des Ivoiriens ?


Dr I O : Non. Il faut dire qu´il y a moins d´Ivoiriens, mais presque toute la CEDEAO est là. Il y a le Burkina, le Mali, le Niger, le Nigéria et autres. Il y a moins d´Ivoiriens.


D I : Quelle est la nationalité dominante ?


Dr I O : Cela dépend des secteurs. Si c´est le marché à bétail bovin, c´est plus les Maliens, mais la salle d´abattage se sont les Burkinabè. Au détail, il y a une certaine compétition entre les Nigérians et les Burkinabè.


D I : Concernant l´abattage, est ce que vous tenez compte du fait que parmi les consommateurs, il y a des musulmans et que les bêtes doivent être abattues dans certaines conditions qui respectent les normes religieuses ?


Dr I O : Les animaux morts avant la saignée, on l´appelle la saignée post mortem, sont des motifs de saisie. Pour nous donc, la saignée est obligatoire. Il y a des hommes avertis en islam, ce sont eux qui font tout ce qui est saignée au cours de l´année. Si on découvre une bête qui n´est pas saignée, à l´inspection, elle est envoyée au zoo et donnée aux animaux.


 


D I : L´abattage moderne va-t-il tenir compte de tous ces facteurs ?


Dr I O : C´est clair parce qu´il y a un piège qui est mis, l´animal va rentrer dans le piège, à partir de ce moment, même un enfant peut l´égorger. Dans nos prévisions, le Conseil supérieur des imams (Cosim) et autres seront invités à l´inauguration pour qu´on puisse assurer cette saignée-là par des hommes qu´eux mêmes vont peut-être désigner pour nous.


D I : Monsieur le Directeur, où en sommes nous maintenant avec le phénomène de l´abattage clandestin ?


Dr I O : La lutte continue. Il faut dire que cette lutte n´est plus trop âpre comme avant parce que ce n´est pas facile, les conditions sécuritaires sont très difficiles. Néanmoins, on fait ce qu´on peut. On a encore besoin de plus de sécurité et de plus d´éléments de mobilité pour pouvoir vraiment anéantir ce phénomène là. Sinon, c´est encore un fléau. 


Propos recueillis par Souleymane T. Senn